Répétition de Daphnis et Chloé (Millepied, Baulac, Moreau)
Millepied entre sur la scène de l'amphithéâtre, jean, t shirt, baskets, sourire aux lèvres, pour nous présenter son travail sur sa nouvelle création, à voir dès le 10 mai à Bastille: Daphnis et Chloé. Il commence par quelques mots sur la partition, qui "semble écrite pour un ailleurs" et se félicite du travail de Daniel Buren et de la direction de Philippe Jordan. Décor et musique pourrait déjà suffire pour le spectacle.
Il est accompagné de Léonore Baulac et Marc Moreau, qu'il va faire travailler sur le pas de deux "Le Lever du Jour." Le jeu de la répétition n'est pas faussé, on voit bien que le couple n'a pas encore travaillé avec le chorégraphe.
Le sujet et la coryphée semblent intimidés par l'exercice. Sans doute la première fois qu'ils répètent en public, de surcroît pour ce pas qu'ils ne maitrisent pas encore. Moreau n'hésite pas à faire comprendre qu'il ne se souvient pas encore des pas et que ce n’est pas si facile que Millepied le présume avec humour. Baulac se laisse faire même quand son futur directeur la trimballe un peu sur pointes. Il avoue qu’elle est très légère et très coordonnée. Dans l’ensemble il semble très satisfait des danseurs.
Millepied ne se pose pas de barrière, il se tourne beaucoup vers Lionel Delanoë (maitre de ballet, assis dans les gradins) pour vérifier les pas et l'ordre dans lequel il s'enchaine. La chorégraphie n'est pas encore finie d'ailleurs, il reste les deux dernières minutes à préparer. Les danseurs se relâchent au fur et à mesure de la répétition, on les voit se tromper, en rire, reprendre, s'amuser.
Beaucoup de naturel et de retour vers les habitudes américaines de Millepied. Ses interventions sont ponctuées de "and", "let's go", "lift" "that's it", ses pas font référence à son travail new yorkais. Il nous dit ainsi qu'un des moments où le danseur accompagne sa partenaire sur sa jambe en pointe provient directement du pas de deux du Casse Noisette de Balanchine.
Comme chez le maitre d'ailleurs, il insiste sur la propreté des jambes et la mise en valeur de la ballerine. Il faut donc que Marc Moreau ajuste discrètement ses pieds et place correctement ses mains pour que le spectateur ne le regarde pas tant lui qu'elle.
Sans musique d'abord, il porte une grande attention aux soucis techniques: "fais la monter plus haut", "accompagne la pour l'aider", "fais la glisser sur toi", "le coude au dessus pour tourner plus facilement." Il n'hésite pas à se soustraire à l'une ou l'autre pour voir quel effet cela fait. Pauvre Moreau donc, qui se retrouve à porter un instant Benjamin plutôt que la légère Léonore. Différentes carrures chez les deux hommes pour deux styles bien différents.
En tant que chorégraphe, Millepied nous dit que les pas ne sont pas tout à fait les mêmes pour chaque distribution. Ainsi, il peut très bien avoir écrit un moment avec deux tours, comme avec un seul. À voir ensuite ce qui convient mieux à chaque couple de danseurs. Et éventuellement changer si quelque chose convient mieux.
Millepied parle beaucoup d'espace, de s'élancer. La chorégraphie laisse apercevoir de nombreux portés, des pas de deux sur pointes. Apercu fort intéressant de cette chorégraphie, dont nous voyons des images dans ce reportage de Canal + avant la première dans deux semaines.