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La Loge d'Aymeric

Tristan et Isolde (Viola, Jordan, Urmana, Smith)

5 Avril 2014, 13:50pm

Publié par La loge d'Aymeric

Je me permets de parler de ce Tristan même si je n'en ai vu que la générale : j'ai trouvé que les prestations des chanteurs étaient suffisamment bonnes pour que l'on considère que c'était une représentation en bonne et due forme.

 

J'attendais le retour de Wagner avec impatience à l'Opéra surtout depuis la noyade Krämer et le succès Carsen. On m'avait parlé de cette production de Tristan comme emblématique de l'époque Mortier, de la mise en scène de Peter Sellars comme réellement mythique. Je vous avoue que je n'en ai pas trouvé grand chose et si ce n'avait été pour la distribution et l'œuvre en elle-même, je me serai bien ennuyé.

 

Comme seule mise en scène, un espace noir, des habits noirs et une plateforme noire qui bouge suivant les actes. Et derrière, sur un écran, des vidéos projetées de Bill Viola. Je ne suis pas un grand fan de cinéma et de vidéo et ai donc eu un mal fou à apprécier ces vidéos. Certes en avançant dans les actes je les ai trouvées de plus en plus intéressantes.

 

Dans le premier acte, une vidéo qui n'en finit plus où l'on voit un homme et une femme se plonger la tête dans des bassines d'eau. Dans le deuxième, un couple sur la plage qui s'enfonce dans l'eau. Enfin, dans le dernier, un homme qui plonge et que l'on voit bouger dans l'eau. Il faut avouer que le rythme des vidéos et les idées qu’elles transmettent ne s’apparentent pas trop mal au rythme de l’opéra.

 

Que Bill Viola attire une certaine attention avec sa rétrospective au Grand Palais, certes, mais je n'ai pas réellement compris l'engouement pour ses vidéos dans ce spectacle. J'ai du passer à côté de quelque chose, mais même après 5h30 de spectacle je n'avais toujours pas compris.

 

Le plus horripilant est qu'il n'y a finalement pas d'autres aspects de mise en scène. Aucune direction d'acteurs pour des chanteurs totalement statiques. Certes Sellars place Marke, Brangäne, certains autres personnages mineurs et les chœurs dans des espaces différents de Bastille (galeries, parterre, couloirs....), ce qui permet un certain rythme, mais rien de plus. Ainsi lorsque Kurwenal enfonce son couteau dans Tristan, c'est presque drôle tant il y a peu de conviction dramaturgique.

 

Surtout que l'œuvre est un peu spéciale, il ne se passe pas grand chose, à l'inverse de la plupart des Wagner où l'action est plus importante. La musique est difficile, longue, lente, et une mise en scène plus intéressante peut aider à stimuler un public pas totalement mélomane. La partition reste une des plus émouvantes et sensibles que le maître de Bayreuth ait pu écrire et me rappelle la fin de Siegfried, opéra contemporain de ce Tristan.

 

La direction de Jordan est plutôt bien réussie, ce style lent lui convient bien, on étire les notes et les phrases pour les accentuer. Dans les voix, j'applaudis chaudement la performance de Janina Baechle en Brängane, une voix superbe et toujours juste qui remplit Bastille. Dommage que ce rôle soit si court, elle réveillait l'ensemble de ses parties. Franz-Josef Selig est un superbe Marke, dès que je vois ce chanteur il me plait.

 

Violeta Urmana, que j'avais déjà entendue dans ce rôle à Pleyel, s'améliore au dernier acte après des essais plutôt étonnants au deuxième acte et un premier acte où je l'ai également trouvée correcte. Malgré sa puissance, elle a du mal à réellement m'émouvoir, elle n'a pas suffisamment de sensibilité là où Robert Dean Smith s'avoue pourtant un Tristan vraisemblable et sensible.

Tristan et Isolde (Viola, Jordan, Urmana, Smith)
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