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La Loge d'Aymeric

Le Ballet de l'Opéra de Lyon, septembre 2014

29 Septembre 2014, 07:53am

Publié par La loge d'Aymeric

C’est la saison pour voir le Ballet de l’Opéra de Lyon, qui alterne notamment dans les différents programmes Forsythe un peu partout en France, permettant de découvrir même dans les moins prestigieux des théâtres certains chefs-d’œuvre.

Le Ballet de l'Opéra de Lyon tient une place particulière dans le paysage chorégraphique, n’ayant effet décidé de ne danser que du contemporain. Je me souviens les avoir vus dans du Balanchine, ce qu'il considérait être du grand classique pour eux. Le concours d'entrée dans le corps de ballet n'est en revanche qu'une épreuve de classique, soit utiliser les bases pour partir vers de nouveaux horizons. Enfin, la compagnie ne dispose pas de grade: pas de principal, de solistes ou de coryphée.

Le Ballet a ouvert le Festival d’Automne et le portrait Forsythe avec Limb’s Theorem, qu’ils avaient dansé récemment à Lyon. Au Châtelet, la première avait des airs de gala, avec la nouvelle ministre au balcon, accompagnée de Jack Lang. Le public s'enflamme à la fin de chaque partie. Il faut avouer que ce Limb's Theorem est un ensemble de ce que Forsythe fait de mieux. Sur une musique de Thom Willems, Forsythe met ses danseuses sur pointe, forcent les développés et tranche la scène avec des géométries variables.

La seconde partie, Enemy in the Figure, qui est souvent jouée indépendamment des autres, semble la plus aboutie. Un grand mobile tourne sur la scène, poussée ou tiré par les danseurs qui évoluent dans les jeux d'ombres et de lumières. Beaucoup d'électricité dans l'air, de l'humour aussi dans certains jeux. Forsythe insiste souvent sur le fait qu'il ne raconte pas d'histoire. Ces pièces ne me semblent qu'être des impressions visuelles fortes marquées par des danseurs impeccables.

Une fois les trois dates parisiennes passées, le Ballet retourne s'entrainer dans ses magnifiques studios qui dominent la ville pour préparer le spectacle qui ouvre la Biennale de la danse. Une programmation contemporaine voire avant-gardiste qui ne laisse pas de marbre un public plutôt éclectique, deux créations et une entrée au répertoire.

La soirée finit habilement par un Kylian, pour être certain de clore par une ovation. Mais cependant, ce Labyrinthe du coeur ne me parait pas à la hauteur du maître tchèque. J'y retrouve certes toujours une esthétique forte, avec cette femme en robe qui descend un escalier invisible depuis les cintres. Quatre morceaux s'enchainent montrant une femme et un, deux ou trois hommes. Différents types de rapport et de relation entre chacun. Mais, à l'inverse d'autres Kylian, le travail ne semble pas abouti, une étude plus qu'une pièce en elle même. La beauté intrinsèque à tout mouvement de Kylian réussit à emporter l'approbation générale.

Ceci n'était d'ailleurs pas gagné pour la pièce d'ouverture d'Emmanuel Gat. Une ouverture baroque, Haendel, puis plus rien. Le fond sonore n'est qu'un enregistrement d'une répétition de l'ouverture, avec quelques essais musicaux, pour retourner ensuite une dernière fois vers le morceau intégral. Entre les deux, je me suis bien ennuyé, j'ai encore du mal devant les pièces sans musique. Des impressions étranges d'essais de chorégraphies, puis de reprise, comme si cela reflétait le travail de répétition. Mais je n'ai pas pu trouver de fil rouge dans ces tableaux.

La pièce de Chaignaud et Bengolea, une création, est quant à elle bien plus intéressante. Pas de fil rouge, mais une étude sur les pointes, homme comme femme. La pièce ouvre sur un long moment de silence où les danseurs sont tous déjà sur pointes. On les voit vaciller, hésiter. Les pointes sont ici lourdes, difficiles, péniblement levées, un handicap plus qu'une possibilité. Les lumières et les décors font de ces danseurs des statues, des figurines, qui se meuvent comme des mantes religieuses ou des robots. Une antithèse aux beautés pointe-sque de William Forsythe, qui confirme l’étendu du talent moderne de la compagnie.

La compagnie sera au Théâtre de la Ville fin novembre avec un programme Forsythe/Millepied.

Le Ballet de l'Opéra de Lyon, septembre 2014
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