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La Loge d'Aymeric

Farewell Clairemarie!

13 Mai 2012, 22:42pm

Publié par lalogedaymeric

L’Histoire de Manon 13 Mai Distribution : Manon : Clairemarie Osta ; Des Grieux : Nicolas Le Riche ; Lescaut : Stéphane Bullion ; Sa Maitresse : Alice Renavand

Terrible sentence que le glas des 42 ans pour un danseur de l’Opéra de Paris…. Mais la récente nomination de Kader Belarbi à la tête du Capitole de Toulouse démontre bien que la vie continue bien une fois les adieux faits dans la compagnie…. Il est toujours triste de voir une danseuse partir. Osta n’était peut être pas mon étoile préférée mais elle ne m’a jamais décu, elle fut ma première Bayadère il y a deux ans, elle campa une Tatiana plus que correcte en décembre, et m’a beaucoup marqué dans Appartement. Son départ en annonce une succession d’autres. D’ici trois ans le ballet perdra Agnès Letestu, Isabelle Ciaravola, Nicolas Le Riche et Aurélie Dupont. Autant dire que c’est toute une génération qui va se renouveler.

Après avoir découvert le ballet Manon vendredi, je suis ici tombé sur une distribution excellente, et même si les émotions venaient surtout des adieux, l’œuvre a été très bien dansé. Dès son arrivée, Osta est applaudie. Cette coutume m’avait un peu étonnée lors de la tournée du Ballet de Novossibirsk, mais les Russes la pratiquent ainsi que les Anglais. J’ai trouvé que pour le public habituel de l’Opéra, c’était un beau signe de respect.

DSCF7239Osta fait plus jeune, surtout depuis mon très haut amphithéâtre ! Elle semble donc plus fragile, plus enfant encore, qui découvre le monde. Lorsqu’elle descend de son lit dans le deuxième tableau, on voit bien que celui-ci est bien trop haut pour elle et a du mal à descendre, le monde extérieur n’est il pas lui aussi beaucoup trop grand ? Lors du pas de la rencontre puis de la chambre, j’avoue avoir de frais frissons. L’émotion vient elle des adieux ou de leur danse ? Je tente de rester objectif et je pense avoir pu profiter pour la première fois de l’effet Le Riche. N’oublions pas que c’est la première fois que je le vois dans un rôle classique (oui oui, je suis un Bébé Balletomane), et je commence à comprendre ses fans invétérés. Tous les problèmes de réglages que j’avais pu voir le 11 sont ici complètement absents, les glissades, les portés, tout se fait très naturellement. La complicité est évidemment au rendez-vous, c’est un des seuls rôles qu’ils dansent ensemble.

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Néanmoins, s’il y avait un nom à retenir de cette distribution, c’est Bullion. Il est au top et le rôle de Lescaut lui va comme un gant. Si Carbone vendredi ne mimait pas assez le frère aviné, ici Bullion le campe parfaitement de A à Z, ses mimiques de visage évoquent le sadisme tout comme il faut, et ce dès le premier acte. Lorsqu’il se bat encore bourré à la fin du salon de Madame, c’est un bonheur, que je n’avais pas ressenti lors de ma première fois. Il campe un très bon couple avec Renavand (que je vois de plus en plus sur Don Quichotte d’ailleurs, vu les prouesses techniques et la fougue dont elle est capable) et semblent tout deux plein de complicités, le rôle de la maîtresse est néanmoins un peu court, mais la première danseuse m'a bien impressionné, comme elle en a l'habitude.

L’acte deux se poursuit chez Madame, avec certes quelques longueurs mais c’est tellement joli pour la scénographie que je ne m’en lasse pas. Les danses du corps de ballet sont très jolies, notamment les trois gentilshommes qui s’avancent entrainés par leurs prostitués. Osta arrive et fait de nouveau un peu enfant dans sa grande fourrure, là où Ciaravola faisait déjà grande dame. Mais elle est resplendissante une fois le manteau enlevé et passe d’un homme à l’autre avec une grâce ! Evidemment très légère, elle flotte, effleurant le sol de ses pointes, portée par ses hommes, mais il lui manque un désir d'oser et de se jeter, se plonger vraiment! Suit ensuite le solo de Le Riche qui est à nouveau un bonheur ! Le gros problème de cet après-midi a été la vitesse à laquelle elle est passée ! Toutes les variations se sont enchainées et je sens que je n’ai su en profiter pleinement !

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Le troisième acte revient avec ses petites longueurs. Maintenant que je connais déjà l’œuvre, je réalise que l’arrivée à la Nouvelle Orléans, les prostitués qui arrivent, les violences du gouverneur et son meurtre, tout cela est fort long. Heureusement qu’Osta et Le Riche ont des talents assurés d’acteur pour nous faire passer très agréablement le temps ! Alors que les lianes s’installent pour le décor du marais, les frissons reviennent, les derniers pas de Clairemarie sur le sol de Garnier. Ainsi un très beau dernier pas de deux, on voit que Le Riche a déjà les larmes aux yeux. Il perd Manon, il perd Osta. Elle s’écroule, il danse encore un dernier instant, refusant sa mort, puis s’arrête : elle est morte. Le rideau descend.
 

Les premiers saluts de rigueur, tous les danseurs, le chef d’orchestre (oui oui c’était toujours Massenet cet après-midi), puis le rideau se lève et retombe un bon nombre de fois et Osta se fait ovationner. Les flashs fusent, la compagnie l’applaudit, des paillettes tombent du plafond. Elle sourit, elle est gênée mais accepte les remerciements. Elle embrasse son mari, on a vu ses enfants dans la salle. Elle va embrasser d’autres danseurs, Pech, Bélingard, Gillot, Ganio et d’autres. Et Laurent Hilaire, et Brigitte Lefèvre. Elle revient saluer une ultime fois après 22 minutes d’applaudissement. La vie ne s’arrête néanmoins pas là pour elle, loin de là. Il lui reste la tournée du ballet aux Etats-Unis cet été notamment. Les rumeurs lui donnent la place de directrice de la danse du CNSMD de la ville de Paris. Je suivrais cela avec grand plaisir, et merci Clairemarie !

En bonus, toutes les photos plus ou moins potables que j’ai prises….DSCF7242

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L
A la relecture de mon commentaire , j'ai trouvé un peu irrévérencieux de ma part de relever un détail sans grande importance comme mon impression personnelle sur l'attribution du rôle de Kitri aux<br /> vues ce certains critères , alors que ce bel article faisait avant tout l'éloge du dernier spectacle de Clairemarie dans Manon. Je vous prie de m'en excuser et sachez que je partage avant tout<br /> votre point de vue sur cette soirée d'adieux émouvante et magnifique. Par ailleurs, votre site est un régal à lire et c'est surement ce plaisir qui m'a invité à la conversation sans discernement.
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L
<br /> <br /> @ Licorne<br /> Ne vous excusez pas du tout, j'accepte toutes les critiques et informations! Je connais trop peu le rôle de Kitri, que je n'ai vu sur scène qu'une fois l'année dernière avec le Bolchoï, sinon ce<br /> sont surtout des vidéos Youtube. Le souvenir que je garde de Kitri est donc bel et bien celui des "espagnolades", je profiterai mieux de l'oeuvre et du rôle de Kitri en décembre prochain<br /> après cette premiere decouverte! Mais ayant vu les multiples talents d'Alice Renavand, je ne doute pas qu'elle puisse incarner les diffèrentes facettes du personnage! Nous verrons bien!<br /> <br /> <br /> <br />
L
Je lis souvent qu'en voyant Alice Renavant dans le rôle de la maitresse de Lescaut,on pense à Kitri. Certes Mlle Renavant est une danseuse qui a du tempérament, mais Kitri exige une toute autre<br /> dimension que celle qui réduit le rôle à des espagnolades. Notamment pour tout le passage de la Vision qui est délicat, musical, romantique, aérien et subtil à souhait et demande a l'interprète<br /> tout autre chose qu'une danse exitée , aguichante et vulgaire. Râres au contraire sont les danseusesde l'ONP qui pouvoir être en adéquation avec le personnage de Kitri. C'est le même problème<br /> qu'avec Nikiya qui avant tout devait représenter une danseuse sacrée.Très peu d'entre elles y sont parvenues.
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